Critiques

Lee Ranaldo

Electric Trim

  • Mute Records
  • 2017
  • 55 minutes
8
Le meilleur de lca

Si Thurston Moore, en mode solo, s’applique efficacement à perpétuer la tradition dissonante établie avec son ancien véhicule créatif, son comparse de la bonne vieille époque, Lee Ranaldo, s’éloigne, depuis quelques années, du légendaire son de Sonic Youth. Nettement plus mélodique que Moore, Ranaldo incorpore à sa palette sonore du folk rock, un peu de psychédélisme, de la power pop et au fil des nouvelles parutions, le rock pur et dur s’est fait un peu plus discret.

En 2013, le guitariste avait lancé Last Night on Earth. Il était alors accompagné des Dust. Une formation formée de Steve Shelley (batterie), Alan Licht (guitare) et Tim Luntzel (basse). En 2012, c’est John Agnello (Kurt Vile, Dinosaur Jr, etc.) qui officiait derrière la console pour Between The Times and The Tides. Un album qui se positionne entre le son pop rock de R.E.M. et, bien sûr, celui de Sonic Youth.

Âgé de 61 ans, Ranaldo refuse de se la couler douce. Le voilà de retour avec un nouvel album intitulé Electric Trim. Toujours accompagné des Dust, l’artiste repousse ses propres limites avec une nouvelle direction musicale, évoquant un peu celle d’un de ses potes, Jim O’Rourke. Enregistré à New York et Barcelone sous la férule d’un collaborateur de longue date, Raül « Refree » Fernandez, ce nouvel album salue l’arrivée de rythmes électroniques et d’échantillonnages subtils.

De nombreux invités de marque ont accompagné Ranaldo dans cette aventure : Sharon Van Etten (voix principale dans Last Looks), le génial guitariste Nels Cline (Wilco) ainsi que l’auteur Jonathan Lethemn qui a participé à l’écriture de six chansons de l’album. Et tout ce magma créatif permet à cet Electric Trim de se hisser parmi les meilleures parutions de la carrière solo de Ranaldo. D’une originalité sans équivoque, cette sitedemo.cauction est en parfait équilibre entre une certaine insouciance rock et la minutie du pop-rock classique.

Passéisme, modernisme, expérimentations et discordances se côtoient, remémorant parfois le summum de Wilco… ce qui n’est pas peut dire. Electric Trim est l’œuvre d’un musicien totalement accompli, en parfaite maîtrise et qui a accepté d’être mis au défi par des créateurs de haut niveau.

Ce disque mériterait un rayonnement accentué, mais je n’y compte pas trop. Pourquoi ? Parce qu’aussi arrogant que cela puisse paraître, ce disque est trop bien composé, écrit et réalisé pour que ça plaise à un vaste public. Aussi simple que ça. Vous pouvez bien sûr me traiter de snobinard musical, ça m’est complètement égal. Je vais même percevoir votre croyance/jugement comme un compliment !

Et ça s’écoute du début à la fin sans aucune interruption. Il y a bien quelques moments addictifs, mais je vous conseille tout simplement de lever le volume et de vous laisser immerger par cette superbe musique, gracieuseté de Lee Ranaldo. Le folk arabisant de Morrican Mountains, le côté beatlesque entendu dans Circular Right as Rain et l’indécrottable influence de Sonic Youth, en mode folk, dans Thrown Over The Wall font partie des magnifiques moments de cet album. Mais le mieux à faire, c’est d’écouter ce disque avec une petite frette bien en main, un samedi après-midi ensoleillé. Ça vous comblera d’un réel bonheur.

Alors, voilà ma surprise de cette rentrée automnale.

Allez les rockeurs au cœur tendre, plongez sans gêne dans ce superbe album de la part d’un vétéran qui s’est surpassé.

Ma note: 8/10

Lee Ranaldo
Electric Trim
Mute Records
55 minutes

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