Critiques

Anémie 61

  • Sainte Cécile
  • 2017
  • 30 minutes
7

Joël Vaudreuil est d’abord et avant tout connu pour son rôle de gardien de la mesure chez Avec pas d’casque. Le batteur n’est pas que musicien, par contre. Il fricote aussi avec l’art visuel et voici qu’il se lance dans une aventure solo expérimentale au nom délicieux : Le diable (comme l’outil).

Il ne faut pas aborder Anémie 61 en se disant qu’il y aura un quelconque rapport entre cet album et ceux de son groupe de folk-country-lunaire extraordinaire. Anémie 61, c’est rêche, c’est rugueux et c’est bien intéressant comme ça. Vaudreuil offre un rock lourd et sombre qui s’amuse à prendre des détours inattendus dans la composition. Les changements de cap sont souvent instantanés et marqués. Anémie 61 est une création intéressante et intrigante.

Dernier déjeuner nous livre des guitares lourdes comme il s’en fait souvent sur l’album. C’est aussi une des pièces pendant lesquelles Vaudreuil chante avec une voix noyée dans le mix et filtrée avant de nous arriver. Une voix qui semble venir d’outre-tombe sans non plus avoir une lourdeur de basse gutturale. Char cheval qui la précède fait aussi appel à des guitares présentes qui optent pour le bruit plutôt que la lourdeur. Vaudreuil a tout enregistré chez lui et l’on doit à Julien Mineau (Malajube) d’avoir rendu la chose avec le plus de qualité sonore possible. Le diable (comme l’outil) possède beaucoup d’anarchie dans le son. Ce n’est pas un objet facile à rendre.

Malgré bien des moments bruyants, ce ne sont pas toutes les chansons qui sont pesantes. Avoir envie de danser possède un petit quelque chose d’aérien malgré les sons stridents qui se dégagent de certains instruments. On y trouve aussi une mélodie efficace qui gagne en puissance au fur et à mesure qu’on y progresse. Salut pis meurs est plus douce bien qu’elle termine avec un gros riff. La distorsion fait place à une guitare claire quoique toujours électrique. C’est contemplateur et réussi.

Que du bon sur ce premier album du diable (comme l’outil)? Pas tout à fait, Anémie 61 possède les travers de l’expérimentation et manque un brin de fil conducteur. Vaudreuil essaie beaucoup de choses et c’est tout à son honneur. On ressent tout de même une certaine déroute qui manque parfois de jab. C’est bien nous perdre un peu, mais il manque toujours ce punch qu’on n’attend pas qui va nous assommer.

Dans l’ensemble, Anémie 61 est une réussite et surtout une œuvre audacieuse de la part de Joël Vaudreuil. Il montre son talent de multi-instrumentiste et propose des compositions aux lourds accents sombres. Ça rappelle du Black Sabbath dans l’esprit, mais pas dans la musique. Si vous aimez les rythmes ésotériques qu’on retrouve souvent chez Sacred Bones, vous allez tomber dans l’Anémie 61 et y passer de bons moments!

Ma note: 7/10

Le diable (comme l’outil)
Anémie 61
Sainte-Cécile
30 minutes

https://lediablecommeloutil.bandcamp.com/

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