Critiques

Chinese Man

Shikantaza

  • Chineese Man Records
  • 2017
  • 65 minutes
6

Le collectif de hip-hop marseillais Chinese Man sortait récemment un nouvel album intitulé Shikantaza, œuvre presque ironiquement dopée aux multiples sonorités orientales (et certaines plus dans la tradition européenne, mais tout aussi exotique).

L’album est beau pour l’oreille, ça, c’est sûr. Le choix d’échantillons est très bien exécuté, il nous embarque dans un nouvel univers imaginaire très coloré dans chaque pièce. On y trouve des pièces plus orchestrales, des extraits vocaux ainsi que des instruments traditionnels orientaux et autres; tous colorés des bons vieux bruits parasites des vinyles. Le tout est couché sur des rythmes modernes, mais bien sonores (le « back beat » sur Modern Slave, wow!) Les multiples rappeurs en collaboration sur l’album font un beau travail en général. Leur message est cohérent (le nom de l’album rapporte à la méditation et nous invite à lâcher prise), bien qu’assez peu relié à la musique. Tous ont un rythme vocal assez pastiché, mais bien exécuté et la plupart du temps pas trop long pour laisser de la place à la musique. Mais là est le problème de l’album : la musique.

Cette dernière, pour un album de hip-hop, est fondamentale, avec huit pièces sur seize presque exclusivement instrumentales. À priori, c’est une manière de faire que je préfère à un album constitué uniquement de pièces vocales ou presque. Cet album impose à cette préférence une exception : on doit savoir quoi faire de la musique que l’on invente. Les compositeurs de Chinese Man ont le syndrome du hip-hopper traditionnel, c’est-à-dire que leur musique est très belle et colorée, mais répétitive et sans développement consciencieux. C’est bien fâcheux quand un album constitué d’une moitié de pièces instrumentales est composé comme s’il y avait toujours un support textuel, et ce l’est encore plus quand presque toutes les pièces sont intéressantes à priori! Mais à chaque écoute, la même impression de longueur me revenait dans les pièces instrumentales. Une impression que les trois membres : Zé Mateo, SLY et High Ku n’avaient rien à faire dire de plus à leur musique.

C’est d’autant plus fâcheux parce que je n’ai quasiment que du bien à dire de la variété des pièces entre elles, influencées notamment par le dub, le reggae et le hip-hop plus classique en gardant toujours une esthétique superficielle orientale et un message pacifiste très actuel. Même s’il y aurait eu place à davantage de transformations d’échantillons, la variété de ces derniers et leur cohérence demeure très plaisante à l’oreille; idem pour la postsitedemo.cauction. Vraiment, si ce n’était pas de la quasi-monotonie de la musique à plusieurs endroits, cet album aurait été bien meilleur. J’ai confiance qu’avec un peu de travail supplémentaire pour bien développer leurs idées, le prochain album du collectif pourrait être excellent.

Ma note: 6/10

Chineese Man
Shikantaza
Chineese Man Records
65 minutes

http://www.chinesemanrecords.com

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