Critiques

Chancellors

Watch the Colors Change

  • Indépendant
  • 2017
  • 56 minutes
6,5

Chancellors est un groupe de rock/métal alternatif aux accents post et math originaire de Paris. Les membres ont approché le Canal pour qu’on parle de leur premier LP, Watch the Colors Change. Comme le courriel contenait les expressions « post-métal » et « post-rock », LP Labrèche qui gère les entrants-sortants au Canal, m’a mis sur le dossier comme on dit!

Et dès la première écoute, l’amateur de post est comblé alors qu’on avance dans Jokulhlaup. L’étonnante montée mélodique vers la marque des 3:30 au compteur décharge toute la puissance de Chancellors après une lente, mais progressive installation.

« Eh bien, si ça part de même, je vais avoir beaucoup de plaisir à critiquer ce disque », que je me suis dit. Mais voilà qu’aux premières notes de Summit, on change de registre. Et l’on découvre une voix beaucoup plus à l’avant-plan, douce et claire, qui sonne étrangement comme celle de Tim Fletcher des Stills. Ah bon? Intrigué.

Puis ça part dans une direction inattendue. La voix sonne maintenant comme celle d’Edwin à l’époque d’I Mother Earth. Bref, Summit nous montre un côté plus direct de Chancellors, mais aussi un côté moins original. Alors que les guitares piochent des riffs qui ne feraient pas rougir Stephen Carpenter de Deftones, cette voix agace, car elle évoque, à mon sens, une manière révolue de faire de l’alternatif. Mais même si la voix est un élément de déplaisir ici, Summit demeure une bonne chanson. Directe, efficace, qui se permet un intéressant changement de rythme à mi-chemin dans lequel les gars démontrent leur côté math.

Puis on passe à Tenth Door. Encore une fois une mise en place en progression où on retrouve cette voix à la The Stills avant le coup de tonnerre et le raffinement. Même formule que Summit donc, mais un résultat au final plus harmonieux à mon goût.

Et c’est là que je me mets à me demander lequel des deux Chancellors observés sur trois titres j’aurai par la suite.

La réponse? Sur Iceberg, Chancellors sonne du vieux Incubus. Même la manière qu’a Yvan Guérin de pousser la note émule le style de Brandon Boyd. Encore une fois, Iceberg n’est pas une mauvaise chanson dans le genre. Mais on est en droit au quatrième titre seulement de se demander ce qu’il y a d’original chez Chancellors.

Et soudainement à 4:08, le groupe se permet une énorme passe Toolesque. Et ce n’est pas qu’un clin d’œil! On jurerait entendre une passe entendue sur Lateralus. Puis ça se poursuit. Iceberg se terminera de manière épique dans un registre stoner/psychédélique avec des passes de guitares enchaînées entre de costauds riffs. Étrange. On ne réentendra pas le refrain que Guérin a pourtant répété à plusieurs reprises dans les trois premières minutes du morceau.

S’ensuit Guru, une irrésistible pièce instrumentale qui comprend tout ce qu’on a entendu de mieux de Chancellors jusqu’ici : intensité, robustesse guitaristique et créativité dans les enchaînements. Car il faut le dire, les gars sont doués sur leur instrument respectif. Et au travers de Watch the Colors Change, on continuera à être captivé par cette qualité d’exécution et de sitedemo.cauction.

La voix est mieux canalisée aussi à partir de Dead Leaves, le sixième morceau. Plus en retrait, plus aérienne, elle se moule plus harmonieusement aux instruments plutôt que de s’imposer au-delà avec un gros refrain.

C’est particulièrement vrai avec Žihľava, avant dernier titre ici. On y vit toute une progression, véritable catharsis, qui plaira aux fans de Cult Of Luna. J’ai noté une certaine parenté avec Waiting For You d’ailleurs. À l’instar de Jokulhlaup, Žihľava est une chanson où l’ajout de voix sert la mise en place des ambiances et des atmosphères. C’est parfait.

Bref, rendu à ce point dans Watch the Colors Change, j’ai cette ferme impression que les chansons de ce premier LP, comme c’est souvent le cas, ont été écrites sur une longue période. Cette hypothèse expliquerait la (trop) grande diversité des compositions les unes par rapport aux autres.

Voilà donc un groupe qui a beaucoup d’idées et qui devra apprendre à mieux en exploiter un petit nombre qu’à assembler des pièces touffues avec des fragments.

Au final, j’ai écouté Watch the Colors Change environ 15 fois aux fins de cette critique et j’y découvre encore des éléments. J’y reviendrai sans doute, mais j’attendrai certainement le prochain.

Ma note: 6,5/10

Chancellors
Watch the Colors Change
Indépendant
56 minutes

https://chancellorsband.bandcamp.com/

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