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Francouvertes 2018 : première soirée

Dans 10 ans, Marvel va réaliser un film sur ma vie. Oui, sans vouloir me vanter, je crois être à ma façon un super-héros tout ce qu’il a de plus moderne. Bien que je ne porte pas de cape ou que je n’ai aucun pouvoir surnaturel, je viens en aide aux gens dans le besoin. Et hier, plutôt que de sauver la veuve et l’orphelin, c’est plutôt au secours d’un rédacteur en chef malade que j’ai figurativement volé. Louis-Philippe Labrèche, qui m’aura pourtant dérobé sans scrupules aux autres médias que je représentait sur place, aura en effet bénéficié de ma légendaire grandeur d’âme. Cette décision sera-t-elle judicieuse? Seul l’avenir nous le diras, mais disons que mes attentes personnelles sont assez loin de celles d’un Peter Parker en puissance vu mon appareil photo de piètre qualité. Pour compenser, les photos ici présentées seront munies d’un filtre de type « Kodak jetable acheté circa 2001 dans un Jean Coutu », aka Bazaar pour les afficionados de Google Photo.

Mais trêve de vantardise et de bavardages insignifiants; venons-en aux faits. En ce lundi 19 février se tient la première soirée des rondes préliminaires de la 22e éditions du concours-vitrine Les Francouvertes, dont le Canal Auditif  »n’a pas manqué une seule soirée en quatre ans ». (Louis-Philippe Labrèche, grand malade, 19/02/2018) L’introïtus de la grande messe de l’émergence francophone met en scène cette année Gabriel Bouchard, Raphaël Denommé et zouz, ainsi que l’ex Émile Bilodeau, dans le cadre enchanteur du Lion d’Or. Enchanteur oui, mais qui offre exceptionnellement des relents de party-piscine de cégépiens sur la Rive-Sud, avec l’utilisation assez surprenante de Red Solo Cup sur laquelle on repassera.

Et c’est dans cet esprit juvénile que le on-ne-peut-plus juvénile Émile Bilodeau vient amorcer la soirée, dans une onaniste performance solo. Le Longueuillois part le bal de pied ferme avec une blague assez malaisante parlant de sa blonde et d’avortement qui aurait fait sourciller même un ministre polonais. Pas le meilleur flash d’emblée, mais qui sera relativement bien rattrapé par une autre série de remarques humoristiques sur ses surprenantes capacités de communication anglophone semblables à celle du bon Jean Tremblay. Bilodeau casse une chanson sur les badboys avec sa verve habituelle, en plus de présenter ses hits J’en ai plein mon cass et Ça va, dans l’allégresse la plus totale de son père et de la forte délégation de la sus-mentionnée Rive-Sud présente dans la salle.

Émile Bilodeau, humoriste de la relève.

En espérant que Gabriel Bouchard ne sniffe pas trop son band.

Le bien bleaché Gabriel Bouchard vient ensuite prendre la relève, accompagné du groupe Gazoline au complet. Celui qui gagnera probablement bien des points rien qu’avec sa moustache nous présente un rock qui, s’il n’est pas révolutionnaire, reste tout de même fort efficace et sans trop de temps morts. Une chanson solo viendra aussi charmer les émotifs, alors que Gabriel la présentera comme une toune dédiée à une fille à qui il avait déclamé son amour pour la voir se faire une blonde tout de suite après. Faisant honneur à sa ville natale de Saint-Prime, Bouchard nous aura offert une prestation qui nous aura bien réchauffé pour aborder le blues plus solide qui suivra.

Une moustache à tout casser.

Une bien belle bass.

Parce que Raphaël Denommé, l’oiseau rare suivant, en est un maître. Fondateur du castor-blues québécois, concept qu’il ne saura m’éclaircir en entrevue chez nos amis de Choq.ca, mais qu’on verra en fin de performance, se pointe avec plein de guitares qu’il utilisera à merveille. On est loin d’une musique raffinée aux paroles poétiques et abouties, mais les fans de musique de brosse qui brasse, ou accessoirement de Bernard Adamus, seront conquis. Surtout qu’une forte délégation de Varennes semble s’être déplacée jusqu’ici, criant habillement « Stor » à chaque « Cas » de celui qui pourrait facilement se recyclé en animateur de foule. Je décerne au final à Denommé et son groupe le prestigieux prix des plus beaux instruments de la soirée, avec une basse à couper le souffle et la judicieuse utilisation d’un cigarbox (ça existe en français selon Wiki) pour conclure le set.

Entre l’Aubre te la lumière.

zouz, en minuscule.

Derniers mais non les moindres, les trois gars de zouz viennent conclure la soirée en force. Ceux qui en sont à leur quatrième participation en trois ans au concours arrivent avec un air aussi peu stressé que les capibaras du Biodôme. C’est pourtant la performance la plus énergique de la soirée, mais aussi le plus travaillée à mon avis, qui sera garrochée directement dans la face du public! Gardant son esthétique blues trash, mais avec un côté étonnamment propre par rapport à leurs habitudes, la musique du trio finit presque par prendre une dimension math pour mon plus grand plaisir. À force de criage, de distorsion et de nouveaux souliers, les gars finiront par réussir à visiblement séduire le public, puisqu’ils s’en tireront avec le premier rang du classement provisoire à la fin de cette première soirée des rondes préliminaires sous le signe du gros rock qui brasse.

Le palmarès après une soirée:

1 – zouz

2 – Gabriel Bouchard

3 – Raphaël Dénommé