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Distorsion Psych Fest 2018 – Soirée du 9 mai

Un virus quelconque, mais bien vigoureux, m’avait empêchée de prendre part au Distorsion Psych Fest de l’an dernier où j’avais prévu voir FET.NAT, Yonatan Gat et TEKE ::TEKE à l’Esco. Cette année, bien portante après avoir passé cinq semaines dans le bois à l’abri des foules vectrices de maladies, j’ai replongé dans la soupe d’humains urbains en assistant à la soirée d’ouverture de ce festival, qui réunissait d’ailleurs les mêmes groupes que je voulais voir en 2017, FET.NAT en moins (snif), Sheenah Ko et Sunwatchers en prime.

Sheenah Ko

On attendait le guitariste américain Chris Forsyth, mais c’est plutôt Sheenah Ko qui a pris d’assaut la petite scène devant laquelle des palettes de bois ont été érigées à des hauteurs différentes et partiellement recouvertes de tapis, sorte de plateforme multiniveaux permettant à beaucoup de monde de s’asseoir. Une solution peu coûteuse et pas mal ingénieuse, à condition de ne pas se planter le pied entre deux palettes comme mon amie ; un moment de grande détresse dont elle est heureusement sortie indemne. Sheenah Ko, a donc remplacé Chris Forsyth au pied levé, et ça a été une belle découverte pour moi. Seule aux claviers, elle a enchaîné des pièces envoûtantes et rythmées auxquelles s’ajoutait sa voix claire et assurée. Se produisant aussi avec The Besnard Lakes (également en spectacle dans le cadre de Distorsion hier), Thor and Friends et de nombreux autres artistes, Sheenah Ko est une musicienne polyvalente qui a donné une bonne prestation solo pour ouvrir le bal.

 

TEKE ::TEKE

Les spectateurs ont été invités à passer derrière la petite scène où une plus grande salle pouvait les accueillir. Il faut dire que la première salle attenante à l’entrée s’était pas mal remplie au courant de l’heure précédente. De ce côté, pas de palettes pour s’asseoir, mais une scène beaucoup plus grande. Et c’était nécessaire, puisque la formation suivante, TEKE ::TEKE, compte sept musiciens. Leur prestation s’est ouverte par une allocution théâtrale de la chanteuse, Maya Kuroki, portant un masque des plus inquiétants. S’en est suivi un spectacle énergique où les influences eleki, surf et rock ont fusionné pour donner lieu à des moments empreints de nostalgie, dansants, sombres, grandioses ; le plus souvent tout ça en même temps. La force de ce groupe est d’aligner les clins d’œil à la culture japonaise des années 1960, tout en lui infusant une bonne dose d’inventivité et de swag. S’ils ont ouvert le spectacle avec la pièce Jikaku , ma préférée du EP homonyme qu’ils viennent de faire paraître, je n’ai pu réfréner ma déception de ne pas entendre la flûte. Il faut dire que le jeu sublime de Yuki Isami est ce qui confère en grande partie la couleur nippone à l’ensemble… Heureusement, ce problème d’ordre technique a été réglé assez rapidement. Le talent des musiciens, la précision de leur jeu, l’originalité des compositions et la qualité des reprises qu’ils proposent, tout comme la présence scénique électrisante de Maya Kuroki dans certaines pièces, en font assurément un groupe à suivre.

Yonatan Gat

Ça fait des années que j’entends parler des spectacles de Yonatan Gat et que je souhaite y assister. J’avais été complètement happée par son album Director en 2015 et, à première écoute, son Universalists qui vient tout juste de paraître semble aussi prometteur. Ce qu’on m’avait dit des spectacles de Yonatan Gat : c’est une bête de scène, il joue au milieu de la foule, son batteur est incroyable. Et c’est évidemment la fois où je décide d’aller le voir en concert qu’il déroge à ses habitudes et monte sur scène. J’aime d’emblée son jeu de guitare, donc côté musique, je suis comblée. Sur la scène, Gat semble toutefois à l’étroit, marchant d’un côté à l’autre frénétiquement en multipliant les mouvements amples et théâtraux. Il finit par descendre faire un tour de salle avant de remonter sur scène. Et ce n’est qu’à la toute fin du spectacle qu’il fend la foule, suivi de ses musiciens, avant de s’arrêter là où un spot de lumière s’allume pour mettre en lumière la performance intime à laquelle il nous convie. J’avais souvent vu des photos de cet artiste israélien dont les spectacles controversés dans son pays d’origine ont fait en sorte qu’il n’a plus été autorisé à y jouer. Mais les photos ne rendent pas le sentiment de proximité ressenti à deux mètres des musiciens qui ne sont plus en surplomb au-dessus de la foule, mais parmi elle. Cela dit, les gens étaient étrangement calmes, peut-être conscients de la rareté d’une telle communion non contenue et non policée. C’était en tout cas une réelle joie de se sentir aussi près de la musique, des instruments, des performeurs, sans autre forme de cérémonie.

Sunwatchers

Petit mercredi soir oblige, la foule a commencé à se clairsemer pendant le spectacle de Yonatan Gat, et c’est bien dommage pour ceux qui sont partis, car le spectacle de Sunwatchers valait à lui seul le détour. La formation new-yorkaise a enchaîné ses pièces de rock psych-kraut-jazz ponctuées de sax frondeur. Écoutez leur dernier album, Basement Apes Vol. 1, et organisez-vous pour les voir en spectacle dans un futur proche.

Le festival se poursuit jusqu’au 13 mai!

Crédit photo: Flamme