Concerts

Deuxième partie

logoAprès une très belle première moitié de Coup de cœur francophone, Stéphane était celui qui couvrait le concert de Gaël Faure et Daran à l’Astral. Voilà son appréciation: «C’est le jeunot Faure qui faisait office de première partie pour le vétéran Daran. Ratissant dans l’ensemble de son répertoire, Faure nous a entre autres gratifiés d’une excellente chanson: Pour qu’un jour. Titre subtilement politique. Une gentille charge que l’on croit destinée à Marine Le Pen et ça fait toujours un petit velours quand le fascisme est pourfendu… En revanche, ce que propose Faure musicalement parlant est beaucoup trop convenu, trop pop franchouillarde pour me plaire. Un bon musicien doublé d’un bon mélodiste qui aurait tout intérêt à salir son art. Juste un peu.

L’an dernier, Daran nous présentait Le Monde Perdu, un disque folk intimiste de très grande qualité. Quand je l’avais reçu dans le cadre de la chronique Raconte-moi ton disque, le sympathique troubadour me mentionnait que la tournée qui suivrait la parution de l’album aurait un apport visuel très original. Je vous le confirme. Positionné à l’extrême gauche de la scène, accompagné de tout son attirail guitaristique/technologique, Daran interprétait avec cœur ses chansons douces-amères pendant qu’en arrière-plan l’artiste visuel Geneviève Gendron dessinait sur des œuvres cinématographiques. Du jamais vu en ce qui me concerne et c’est grâce à une application crée par un gars bien de chez nous, Serge Maheu, pour ne pas le nommer, que le procédé fonctionne. Le tandem Daran/Gendron nous raconte une histoire en mots, en sons et en images et j’ai été subjugué par autant de beauté, d’authenticité et d’intégrité. Un spectacle aussi accessible qu’esthétiquement irréprochable. Gros frissons durant Tchernobyl et Dormir Dehors durant laquelle un bon vieux Westfalia dessiné par Gendron roulait sur une route bucolique. J’entends certains collaborateurs au Canal Auditif réfléchir silencieusement et se dire que leur rédacteur en chef est franchement quétaine. En effet, Daran n’est pas punk, n’est pas électro, n’est pas hip-hop, n’est surtout pas in, mais pas nécessairement out, n’est pas hyperactif, n’est pas fait de «bric et de broc», mais il est surtout intemporel. Rien que ça. Si ça passe par chez vous, ne manquez pas ce concert, vous passerez une magnifique soirée!»

Pour ma part, je continuais mon périple jeudi soir en compagnie de Sweet Grass et Dylan Perron et Élixir de Gumbo. Les premiers m’étaient inconnus et je dois dire que ce fût fort concluant comme expérience. Le quintette fait un folk country qui repose sur les harmonies vocales et de solides mélodies. La bande, originaire de Saguenay, compte sur deux filles aux voix intéressantes, mais c’est celle de Pierre-Antoine Tanguay qui retient l’attention. Une voix d’ange. Rien de moins. Le contrebassiste sème la stupeur lorsqu’il se fait aller les cordes vocales. Notons aussi qu’Ovide Coudé joue du banjo, de la mandoline et de l’accordéon avec un aplomb certain. Mettons que la formation est impressionnante pour plusieurs raisons.

Puis, c’est le vainqueur des dernières Francouvertes qui était attendu sur scène. Fidèle à son habitude, Dylan Perron a mis le feu dans le Divan Orange et a ravi les nombreux spectateurs présents. À coup de Jeu de société, La danse de la poule et Florès «Gump» Dupras, il a fait danser la foule qui est repartie avec un sourire au visage dans la noirceur de Novembre. Une soirée de fun musical.

Vendredi soir, c’est le cœur à l’envers et la conscience occupé que je me suis rendu à l’Esco. Si comme moi, vous aviez des amis, connaissances ou encore de la famille qui était à Paris, les horribles événements ont été dur sur les nerfs. Lorsque j’ai mis les deux pieds dans le bar de la rue St-Denis, Paupière était à l’œuvre. Le trio fait dans l’électro-pop qui pige dans les décennies 80/90 en mettant de l’avant les synthétiseurs. Tous les trois savent manier le micro bien que toutes les harmonies vocales ne sont pas toutes réussies. On retrouve des sonorités qui rappellent Eurythmics, mais la construction est plus contemporaine. Le groupe prévoit lancer un maxi l’année prochaine. Nous allons garder un œil là-dessus.

Ensuite, c’était la formation Bermudes qui officiait. Le tout a bien commencé. Ils ressemblent à Indochine, mais en franchement plus rock. Le hic? À peine nous les découvrions qu’ils quittaient la scène. Quinze minutes pile poil de spectacle. Sérieusement. Une grosse déception! Les gars, dans ce temps-là, soit on ne joue pas, soit on apprend des «covers». Espérons que la prochaine fois ils seront capables de jouer un peu plus. La consternation et la déception étaient palpables dans l’Esco.

Samedi soir, j’étais au Quai des Brumes pour le doublé Gino Laser/Guillaumansour Expérience. Les premiers nous ont offert un bon spectacle. Coulée dans le rock’n’roll avec une bonne dose de pop, la formation se débrouille très bien sur scène. À la voix ce n’est pas incroyable, mais efficace. Les guitares sont impressionnantes et on a eu droit à plusieurs solos au courant de la soirée. Il y a même eu un bout de Low Rider de War. Les baby-boomers est très drôle et que dire de cette ode d’amour à cette chère Maricule 728. Il faut dire que l’un des «gratteux de guitare» du groupe était le même «dividu» que la brutale policière étranglait en 2012. Ben oui toi! Le mécréant qui avait osé boire une bière sur le trottoir devant chez lui sévissait sur scène.

Guillaumansour suivait avec sa formation. Enfilant ses tubes, il comptait sur l’apport de David Marchand (Eliza) à la guitare et Élyze Venne-Deshaies (Eliza, ex-Caltâr-Bateau) au saxophone. Il a commencé en douceur pour ensuite passer par Le Mât. C’était solide et bien ficelé. Mansour a fait appel aux sœurs Harel-Michon (Perdrix) pour chanter la succulente On aime se manger la… Je ne vous dirai pas en quoi ça finit, mais c’est bien sûr vulgaire.

Finalement, mon périple se terminait au Divan Orange pour Ben Paradis Trio qui donnait sa chance à… Bernard Adamus. Le grand garçon était en solo et en a profité pour faire quelques reprises. Une adaptation de Milord de Piaf, La journée qui s’en vient est flambant neuve d’Avec pas d’casque, You Know I’m No Good d’Amy Whinehouse et une pièce d’Olivier Bélisle qui l’accompagnait pour l’occasion. En plus de ça, il nous a livré deux pièces de son dernier album en version guitare/voix. Mais pas Brun. Il a même fait la blague que pour l’entendre, ça coûtait maintenant trente piastres. On se rend compte à quel point Adamus est devenu un vrai chansonnier, l’un des meilleurs en ce moment au Québec lorsqu’il est seul dans une petite salle.

Puis c’était au Ben Paradis Trio de prendre la scène. Accompagné par les deux fidèles: Chantal Morin et Benoît Coulombe, Paradis a encore une fois brillé sur scène. Il a enchaîné les pièces de T’as-tu toute? Tu parles trop, Cul, Envie de toi, Fuck le rêve et Mehdi en plus de nous livrer des classiques comme Camping, La patate et Je fume. Ce trio est à la fois techniquement fort, mais capable d’habiter une scène de manière tout à fait magnifique. Nombreux étaient les nouveaux adeptes qui découvraient l’étrange bébite qu’est Ben Paradis. Et puis, il a terminé avec sa fameuse reprise de Destin de Céline Dion. Un moment de pure grâce.

Encore une fois cette année, on a eu pas mal de plaisir à vadrouiller les spectacles de Coup de cœur francophone. Et si tu penses que c’est juste ça le CCF, tu te trompes. C’est aussi une tournée qui permet à des artistes francophones de faire des prestations partout à travers le Canada. Ben Paradis Trio revenait justement d’une tournée dans l’ouest du pays. La pertinence de l’événement dépasse les spectacles officiels présentés au festival. On sera encore là l’année prochaine!

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