Concerts

CCF 2017 : Keith Kouna et Nanochrome

La 31ième édition du festival Coup de cœur Francophone a débuté hier soir avec la grosse soirée au Club Soda qui mettait en vedette Keith Kouna (accompagné de Mon Doux Saigneur en première partie). Originaire de la ville de Québec, la formation de Kouna était de passage à Montréal pour défendre les plus récentes chansons de Bonsoir Shérif, quatrième album en carrière paru le mois dernier, sous le label Duprince.

Bonsoir Shérif… et fermez vos gueules

D’un rock littéraire assez puissant, la bande de Kouna s’est démontrée assez puissante sur les planches du Club Soda pas tout à fait plein pour un soir de lancement. Quoi qu’il en soit, le chanteur à lunettes à su bien enflammer la foule. Armé de sa voix rauque et de ses fidèles musiciens, Keith Kouna a fait déferler les chansons de Bonsoir Shérif en prenant le temps de bien faire ressortir les paroles baignées dans une poésie colérique à n’en plus finir. Kouna est exaspéré de l’état du monde dans lequel on vit. Ça paraît. Le ton est douloureux, rocailleux, par moments, on peut même dire que ça brasse de temps à autre la cage de résonnance. Prenons le titre Shérif. Les guitares se sont déchaînées. La batterie était enflammée. Les synthés devenaient énergiques. Dans un décor un peu minimaliste, on pouvait apercevoir des bandes verticales qui reflétaient l’image de la scène en instantané. Très intéressant comme contraste, Il ne va sans dire!

Kouna faisait sortir le méchant illuminé de jeux de lumière éclatants. Tandis que sur Vaches, la guitare électrique donne le ton à la pièce. KK exprime sa colère tiraillée par des sujets sociaux d’actualité de l’heure. Quant à Brillantine (du disque Les années monsieur), le public chante en même temps que le meneur de jeu. Les arrangements musicaux se mélangent à la voix rauque de Kouna. La chimie musicale opère sa magie assez rapidement où on se fait proposer d’entrer dans un univers complètement disjoncté où lever sa bière, agiter sa tête de tout bord, tout côté, et de crier en même temps ne déplaît à personne. Seul hic, public… oui, je m’adresse à vous. Expliquez-moi. Pourquoi parlez-vous en même temps que le déroulement du spectacle? Non, ça ne m’intéresse pas de savoir comment s’est déroulée votre dernière soirée de cartes. Non, ça ne m’intéresse pas de comprendre l’évolution des amphibiens. Non, ça ne m’intéresse pas de savoir comment s’est passé votre dernier rendez-vous galant. Et non, ça ne m’intéresse pas de savoir si vous allez à la chasse en fin de semaine (je n’espère pas, du moins). De grâce, concentrez-vous sur la musique. Concentrez-vous sur le moment. Bref! Petite montée de lait de votre arpenteuse musicale à lunettes. Passons.

Éloge de la lenteur

Ma première soirée se termine au Divan Orange avec Nanochrome, un groupe que je ne connaissais pas vraiment, mais que j’ai pris plaisir à découvrir. Venant directement de Val D’Or, les garçons sont grimpés sur la scène du Divan (une première à Montréal) pour proposer différentes chansons au rock bien exécuté. Les cordes pincées et les batteries frappées donnaient une ambiance planante particulière où il faisait bon de tendre l’oreille. Malgré une légère timidité scénique qui les habitait, les garçons se sont démontrés soudés du début jusqu’à la fin de la performance. Avec Nanochrome, on fait l’éloge de la lenteur et de l’allongement dans les pièces. Les instruments s’allongent et épousent la forme du temps auquel le public fait face. Chaque minute, chaque seconde… Tout est calculé, certes… Mais tout est bien calculé. Avec des influences à la Monogrenade ou Karkwa, Nanochrome est clairement un groupe de post-rock à savourer dès maintenant, si ce n’est pas déjà fait.

On se dit à très vite pour la suite de mes aventures!