Concerts

26 octobre 2017

La soirée a commencé avec la collaboration entre la flûtiste Terri Hron et l’électroacousticienne Hildegard Westerkamp, et leur pièce Beads of Time Sounding (2016), une composition de musique mixte faisant rencontrer la flûte à bec avec un paysage sonore spatialisé. Je me souviens de la performance de Terri Hron et Monty Adkins il y a plus de deux ans, et je dois avouer que l’expérience auditive était similaire; entrée en matière délicate et progression atmosphérique similaire à un rêve éveillé. Westerkamp a soigneusement immortalisé des ruissellements, clapotis, chants d’oiseaux et vent dans les feuilles, composant une trame par-dessus laquelle Hron explorait les différentes sonorités de ses flûtes, dont une flûte à bec basse qui continuait à générer des filaments sonores même une fois démontés. L’expérience sensorielle avait quelque chose de méditative, pas bien loin du new age.

Chris Strickland suivait avec Loblaws and Memory (2016-17), une trame atmosphérique qui avançait d’une scène à l’autre, supportée par une onde sourde qui changeait de note pour prononcer le changement de segment. Le montage des extraits de field recording était fait en sorte qu’il n’y avait peu ou pas d’enchaînements, énumérant les échantillons sans trop révéler le sens de l’histoire. La pièce est à l’image de son album Animal Expert (2014) et de son EP Situations Enveloped (2016), une superposition soignée de lieux et de moments qui joue entre la coïncidence et le synchronisme, avec une spatialisation qui permet à l’auditoire de visiter une sorte d’album audio rempli de souvenirs.

Après un long entracte, Oren Ambarchi apparu sur scène assis devant une table ensevelie sous les appareils électroniques, guitare électrique en main et doigts prêts des potards pour nous présenter Knots Abwandlung (2017), une trame minimaliste construite à partir de notes de guitare trafiquées en direct. L’introduction était particulièrement lente, laissant quelques pulsions meubler discrètement la salle, jusqu’à ce que la masse devienne un peu plus continue avec l’accumulation de notes de guitare répétées en boucle comme un LFO. Au-delà de la progression lente et de l’atmosphère contemplative, les segments plus saturés généraient des harmoniques très intéressantes, inspirées du rock métal.

Nicolas Bernier terminait la soirée de façon plus dynamique avec Transfert (299 792 458 ms) (2017), une performance son et lumière constituée de trois panneaux de tubes fluorescents multicolores réagissant à la musique. La pièce prend forme à partir de pulsions synthétiques qui se succèdent comme des milliers de pattes d’insectes, se regroupant ou s’espaçant à travers une structure rythmique proche du IDM, et des sonorités sculptées en fragments de synthétiseurs 80 s. La performance était résolument plus extériorisée que les trois précédentes, proposant une mise en scène de laboratoire dans lequel le scientifique manipule son invention et en fait voir de toutes les couleurs. Le public a quitté les lieux avec le sourire.