Chroniques

The Dillinger Escape Plan

Ire Works

Au moment où The Dillinger Escape Plan est sur le point de conclure son ultime tournée, le groupe phare de math core célèbre ces jours-ci le dixième anniversaire de son troisième long jeu, Ire Works.

Cet album mérite pleinement un article rétrospectif. Parce que même si Dissociation parue l’an dernier, est le plus original effort du groupe depuis Ire Works justement, il n’atteint pas la profondeur musicale de ce dernier.

Il est aussi important de revenir sur Ire Works puisqu’il est le disque qui a achevé la transition initiée par le Dillinger sur l’incontournable Miss Machine (2004). Finalement, pour le dire clairement, ce retour à Ire Works se justifie surtout parce qu’il est le projet musical le plus ambitieux porté par Ben Weinman et sa bande.

Si on ne parle que de l’instrumentation, vous avez de besoin de vous lever de bonne heure pour déceler tous les instruments qui composent les strates des compositions. De l’électronique qui glitch, des cuivres, des cordes, des voix superposées, bref, tout est là pour créer un album qui, en plus de contenir son lot d’agression typique à la recette Dillinger, bonifie l’expérience d’écoute en alternant les ambiances, les attaques et progressions mélodiques.

Le jeu époustouflant de Gil Sharone à la batterie n’était ici que la cerise sur le sundae d’une exécution toujours sans failles des instrumentistes.

Au chant, Greg Puciato s’installe définitivement dans le siège du conducteur, lui qui est arrivé dans l’aventure Dillinger après l’EP que le groupe a fait avec l’imposant Mike Patton. Le groupe a d’ailleurs été marqué au fer rouge par cette collaboration et ça s’entend sur Miss Machine. Mais c’est vraiment dans la voix que Dillinger se distancie le plus de l’empreinte de son mentor sur Ire Works.

On sent Greg soudainement s’aligner davantage dans la cour de Trent Reznor avec qui il partage un timbre de voix nasillarde. Évidemment, le bon Greg est doté d’un spectre vocal qui lui permet beaucoup plus que le limité Trent, mais on le sent davantage impliqué émotivement dans l’exécution.

Le falsetto sur Black Bubblegum, les jappements de Milk Lizard et les douces plaintes de Mouth Of Ghosts témoignent du talent du chanteur, mais surtout de l’assurance qu’il a gagné à son poste.

Avec Mouth Of Ghosts, When Acting as a Particle et When Acting as a Wave, Dillinger étend son champ d’exploration alors même qu’il confirme sa place sur le trône du mathcore (certains diront alors qu’il donnait naissance au post-mathcore?!) avec les assauts que sont Lurch, 82588 et Party Smasher pour ne nommer que ceux-là.

La présence de pièces plus mélodiques, avec un gros refrain, vient finalement confirmer l’orientation prise par Miss Machine sans pour autant se positionner en contradiction avec la volonté éminemment exploratoire (ou progressive?!) d’Ire Works. Ce recours à la détente par un refrain poignante sera répété à plusieurs reprises sur les albums subséquents de Dillinger chaque fois en calquant la formule de l’immense Horse Hunter. Ce sera du moins cette recette qui donnera Farewell, Mona Lisa et Prancer.

Bref, Ire Works est un aboutissement créatif dans la carrière du Dillinger Escape Plan et le niveau atteint à ce stade de sa carrière représente encore un sommet inégalé. Certes, Miss Machine restera l’album phare du groupe, mais Ire Works a beaucoup plus à offrir pour l’auditeur attentif et c’est exactement ça qui en fait un album encore actuel, dix ans plus tard.

Merci Dillinger.

The Dillinger Escape Plan
Ire Works
Relapse Records,
5 novembre 2007

Liste des titres

Fix Your Face
Lurch
Black Bubblegum
When Acting as a Particle
Nong Eye Gong
When Acting as a Wave
82588
Milk Lizard
Party Smasher
Dead as History
Horse Hunter
Mouth Of Ghosts

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