Chroniques

Le treizième étage

Louis-JeanBon vendredi les mélomanes! Je vous présente avec enthousiasme ma première chronique mensuelle titrée Raconte-moi ton disque. Le concept? Un entretien privilégié, jumelé à une séance d’écoute qui replonge un artiste (ou encore un groupe) dans le processus créatif de son disque paru il y a quelque temps déjà… et on frappe un grand coup pour ce premier carnet, car l’un des plus important compositeur, réalisateur et musicien québécois a cordialement accepté de me rencontrer.

En effet, c’est le 6 mai dernier que j’avais rendez-vous au Lab Mastering avec Louis-Jean Cormier afin de réécouter, en sa compagnie, Le treizième étage; lauréat de l’album francophone de l’année décerné lors des derniers Juno Awards et œuvre apprécié par la majorité des journalistes musicaux québécois. J’avais hâte de réentendre cet album aux sonorités foisonnantes et aux textes bien ficelés dans ce qui constitue une des meilleures écoutes studio du moment! Par ailleurs, le matriçage de l’album a été effectué dans ce studio de mastering haut de gamme.

Un espresso, un brin de jasette en guise d’introduction, quelques blagues qui détendent l’atmosphère, et voilà que nous nous installons confortablement, prêts à décortiquer les douze morceaux de ce superbe Treizième étage. Je vous offre une exploration, piste par piste, des petits secrets sonores divulgués par Louis-Jean Cormier au cours de notre échange.

La cassette

À l’ouverture de la chanson, la première chose qui étonne est l’utilisation inventive des percussions. Louis-Jean me confirme que les rythmes colligés sur l’ensemble de l’album sont des croisements hétéroclites entre une batterie, des martèlements industriels et autres instruments inhabituels. Cette recette fera mouche sur la plupart des titres de l’opus.

Bull’s Eye

Encore ces percussions bigarrées de même que ce léger clin d’œil au Let England Shake de PJ Harvey. Sur l’aveu même de Louis-Jean, voilà une conception sonore qui a influencé la gestation créative de son premier album solo.

Transistors

Sur celle-ci, le frère de Louis-Jean s’exécute au violon. S’ajoute la pulsation d’un gigantesque tambour qui fera office de rythme pratiquement martial tout au long des couplets. Louis-Jean me confesse que ce fameux tambour fera partie intégrante du travail réalisé au niveau de la pulsation rythmique de l’album.

J’haïs les happy ends

Aux dires de Louis-Jean, ce blues rock aurait pu devenir convenu, mais en branchant les guitares directement dans la console, en utilisant bien entendu des préamplificateurs, le son des six cordes s’est transformé en un joyeux et efficace bourdonnement. Il me confie que l’influence des premières parutions de M. Ward se fait particulièrement sentir sur ce morceau, que ce soit au niveau des harmonies vocales éthérées ou encore de ce petit penchant lo-fi qui accentue le dévernissage de cette pièce.

Les chansons folles

Enregistré sur le balcon situé à l’arrière du studio d’enregistrement de Louis-Jean. Fait à noter, au début du deuxième couplet, si vous portez attention, vous entendrez passer un avion dans le mix. Deux à trois prises et c’était dans le sac!

Tout le monde en même temps

De minuscules similitudes (parfaitement assumées par Louis-Jean) à The World That Maketh Murder de Miss Harvey, autant au niveau de la progression d’accords que les chœurs angéliques auréolant la chanson.

Le cœur en téflon

Une introduction exécutée sur une kalimba (piano à pouce) qui nous amène à cette guitare rythmique très Tom Petty à laquelle Louis-Jean tenait. Je lui fais remarquer à quel point le pont de la chanson sonnant «pratiquement Classels» (dixit Louis-Jean), prépare superbement le retour du refrain.

L’ascenseur

Chanson folk exécutée sur une guitare à résonateur appartenant à Michel Rivard qui enregistrait au studio de Louis-Jean. Encore une fois, l’emblématique calorifère employé comme instrument percussif.

Un monstre

Chanson émouvante et immense dans laquelle participe l’excellent Robbie Kuster (Patrick Watson). Une scie musicale en arrière-plan qui personnifie la maladie monstrueuse qui assaille le personnage du bambin. Louis-Jean me confie qu’il adore créer des ambiances sonores étroitement juxtaposées au texte. Une conception qui rapporte magnifiquement ses dividendes!

Un refrain trop long

Le studio d’enregistrement étant situé juste en face d’une d’école, Louis-Jean ne pouvait s’empêcher d’aller capter l’effervescence de ces jeunes enfants jouant durant la récréation; et c’est cette prise de son qui a été introduite au refrain.

L’air

Une ritournelle folk jouée simplement en trio basse/guitare/batterie, consignée à l’aide d’un seul microphone. Quelques overdubs ça et là et la chanson était en banque.

La seule question

Pièce charnière qui conclut cette sitedemo.cauction… et Louis-Jean m’avoue que c’est le premier texte qui fût écrit pour cette élaboration sonore. C’est suite à la rédaction de ces mots que la valve littéraire s’est ouverte, et ce, pour toutes les autres chansons de l’album; et ces sages paroles qui résonnent noblement : «Entre l’écho des minerais et les églises à vendre/La seule question qui ressort/Crois-tu qu’on s’aime encore… fort?».

Dans l’univers musical de Louis-Jean Cormier, même si les atmosphères semblent minutieuses et orfévrées, le musicien laisse une grande part au hasard et aux aléas imprévus de la création. À la suite de cet entretien, j’ai rapidement compris pourquoi Louis-Jean Cormier est l’un des musiciens les plus respectés et compétents de sa génération. Par-dessus le marché, un bonhomme fort sympathique, généreux et humble. Un privilège d’avoir pu sonder un tant soit peu son imaginaire musical. Du bonbon!

louisjeancormier.com

www.lelabmastering.com/fr/

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