Chroniques

Une entrevue avec Suuns

Le groupe Montréalais Suuns a le vent dans les voiles depuis la sortie de l’excellent Images du Futur. Le quatuor revient d’une tournée européenne où il a foulé quelques grandes scènes de festivals. Après avoir rencontré la foule de Québec au Festival d’Été, Suuns revient à Montréal pour un spectacle à la SAT, le samedi 26 juillet dans le cadre du MEG 2014. J’en ai profité pour lâcher un coup de fil à Joseph Yarmush afin de jaser avec lui de la tournée européenne, de la différence entre l’intimité d’une petite salle et les grandes scènes extérieures, de musique ainsi que de Swans.

LP: Salut Joseph, ça va bien?

Joseph: Oui et toi?

LP: Bien merci! Vous revenez d’Europe et vous avez joué au Festival d’Été de Québec, comment ça s’est passé?

Joseph: Bien. À Québec on jouait avant un groupe des années 80 qui s’appelle Marillion, un groupe de rock progressif «soft».

LP: Le mélange des genres devait être étrange?

Joseph: Ouais, ils ont pas mal de fans au Québec et je pense que tout le monde qui était devant nous était là pour eux. C’était un peu bizarre de jouer devant leurs fans parce qu’ils ne nous aimaient pas vraiment…

LP: Sinon en Europe, avez-vous surtout joué sur de grosses scènes?

Joseph: Oui, surtout dans les festivals, mais on a aussi jouer dans de petites salles de 150 personnes. C’était fort amusant parce que c’était souvent «sold-out». Donc, l’atmosphère était bonne.

LP: Pour avoir déjà vu votre spectacle, le système d’éclairage est situé derrière vous. C’est sombre, mystérieux et vous laissez vraiment toute la place à la musique. Vous devez aborder ça différemment quand vous jouez devant 60 000 personnes.

Joseph: Non pas vraiment. Le soir, il n’y a pas de problèmes, on réussit à garder l’aura de mystère. Par contre, c’est dur jouer durant l’après-midi. On n’est pas habitué, on se sent dénudé avec 5000 personnes qui nous regardent en plein jour. Ça tue un peu la magie, mais en même temps, ça nous oblige à essayer des choses différentes. C’est surtout l’heure de la journée qui influence comment on aborde la scène.

LP: Votre prestation sur scène est un peu comme l’album, il y a quelque chose de mystique qui tient du voyage initiatique.

Joseph: Oui, je pense que ce sont les arrangements qui font la différence. On y pense et en même temps on n’y pense pas, tu comprends? Tout n’est pas rodé au quart de tour, mais on met beaucoup d’attention sur les arrangements des pièces et c’est ce qui crée l’atmosphère en spectacle.

LP: Ça fait un an et demi qu’Images du Futur est sorti, j’imagine que votre façon d’interpréter les pièces a changé?

Joseph: Oui, c’est sûr. On a gagné en confiance et on se permet un peu plus d’improvisation; pas nécessairement des solos de guitare, mais on se permet d’improviser.

LP: T’es sûr que ce ne serait pas divertissant un solo à la Iron Maiden en plein milieu de Bambi.

Joseph: Ha! Ha! Ha! Non.

LP: Dans le fond, vous vous permettez d’être vissé dans le moment présent. Je ne sais pas si tu as déjà vu Swans.

Joseph: Oui! Plusieurs fois. J’adore Swans!

LP: On est très fans aussi.

Joseph: C’est une inspiration importante pour nous.

LP: As-tu vu le concert à Montréal en juin?

Joseph: Non, mais je les ai vus deux fois cette année et c’était incroyable.

LP: Ça dépasse la musique. C’est complètement transcendant.

Joseph: Totalement. Ils sont à couper le souffle.

LP: Et puis en tournée avec Suuns, comment ça se passe?

Joseph: C’est plutôt tranquille. On a beaucoup voyagé. On se concentrait surtout sur la manière de trouver de la bouffe santé et on a vu des spectacles incroyables. On a eu la chance de voir The Fall. Le chanteur, Mark E. Smith possède un peu une aura à la Michael Gira, du genre «n’approche pas, sinon je vais te tuer». Sinon, souvent on jouait à 2h30 et ensuite on devait se lever à 7h pour voyager.

LP: Le sommeil devient une denrée rare, n’est-ce pas?

Joseph: Le sommeil devient un souvenir lointain. Quand on est arrivé à Athènes en Grèce, je n’avais pas dormi depuis 24 heures et on s’est retrouvé devant l’Acropole et c’était franchement impressionnant. Je n’ai jamais rien ressenti comme ça. C’est un peu comme pour Swans, t’as une émotion qui t’envahit et les gens autour deviennent silencieux. C’est plus grand que nature! C’est quand même le début de la civilisation! Mais bon, on n’a pas vraiment eu la chance de fumer du crack avec Keith Richards.

LP: Pourtant, ça fait partie des choses à faire en Europe!

Joseph: On espère pour la prochaine fois.

LP: Sinon, avez-vous commencé à travailler sur du nouveau matériel?

Joseph: C’est tout ce qu’on fait en ce moment! On travaille sur deux projets simultanément. En premier lieu, on travaille sur un nouvel album. Ça prend du temps, mais ça va super bien. Sinon, on a fait une collaboration avec Radwan Moumneh de Jerusalem In My Heart qui est à l’étape du mixage à New York. On a pas mal hâte que ce soit prêt. Sinon, on essaie d’enregistrer le nouvel album cet hiver.

LP: Et puis finalement, qu’est-ce que t’écoutes comme musique ces temps-ci?

Joseph: Je viens d’acheter un album d’un groupe français qui s’appelle La Femme et je trouve ça excellent. Sinon, il y a un groupe bizarre, à moitié canadien, qui s’appelle Hey Mother Death et qui est très intéressant.

LP: Merci pour cet entretien Joseph!

Joseph: Merci à toi!

*Suuns sera en concert le samedi 26 juillet, à la Société des Arts Technologiques (SAT) située au 1201, boulevard St-Laurent à Montréal, dans le cadre du MEG 2014.