Chroniques

Depeche Mode

Violator

Depeche_Mode_-_ViolatorSouvent copié, jamais égalé… Vingt-cinq ans déjà! J’en étais à ma dernière année du secondaire, un peu enfumé dans les années progressives 70, suite à un début de secondaire alternatif sous les couleurs des Bauhaus, Joy Division, New Order et évidement Depeche Mode. Je me souviens encore de la fille, plus vieille que moi, qui me fit écouter Blasphemous Rumours pour la première fois. Quel événement heureux ce fut, car la plupart des filles écoutaient plutôt Like A Virgin à cette époque!

Entre l’album Some Great Reward (album sur lequel paraissait Blasphemous Rumours et une certaine pièce intitulée People Are People) et l’album Violator, beaucoup d’eau coula sous les ponts pour Depeche Mode. Some Great Reward paru en 1984 établissait définitivement DM dans une classe à part musicalement. Ingénieux et doublé d’une sensibilité pop incomparable (pour un groupe de musique créée à l’aide principalement de synthétiseurs) DM se distinguait de ses pairs. Suivit le magnifique, mais noir, Black Celebration à peine un an et demi plus tard en 1986 ( il fut un temps où les grands groupes faisaient paraître des albums à un rythme intéressant et des albums de qualité de surcroît). En 1988, paraissait l’album de la consécration soit, Music For The Masses, avec ses nombreux succès (Never Let Me Down Again, Strangelove, Behind The Wheel) et marqua le début de la collaboration sur le plan visuel avec Anton Corbjin, photographe et réalisateur ayant travaillé auparavant avec Joy Division et New Order, entre autres. Music For The Masses marqua également le début des tournées mondiales des amphithéâtres pour DM; des concerts d’une qualité irréprochable. D’ailleurs, pour les avoir vu fréquemment, j’ai souvent dit que Dave Gahan n’était pas très loin de Bono en tant que bête de scène, en version plus sexy, moins «preacher».

Ce qui nous amène au 19 mars 1990: parution du septième album de Depeche Mode. L’album qui s’avérera être leur plus grande œuvre, la plus rassembleuse et qui me replongea avec plaisir dans le travail des Anglais. L’œuvre de la maturité!

Album du meilleur des deux mondes, Violator était un bel hybride contenant le côté sombre de Black Celebration, marié au côté plus pop de Music For The Masses. L’inspiration de Martin Gore, le talent d’interprète de Dave Gahan, l’ingéniosité en studio d’Alan Wilder et la venue de Flood créeront un effet monstre au niveau de la création musicale (précurseurs sonores pour la décennie qui s’ouvrait – à ce titre l’autre album qui sera aussi important au niveau de la définition d’un son pour la décennie 90, sera Achtung Baby sur lequel Flood et Anton Corbijn collaboreront également). Une nouvelle approche minimaliste au niveau de la composition des pièces permettra à l’équipe en place d’aller de l’avant avec des idées un peu plus audacieuses et permettra même l’arrivée d’un autre collaborateur, François Kevorkian au mixage, qui deviendra par la suite une des figures marquantes de la musique électronique.

Depeche Mode surprendra tout le monde avec le premier simple de Violator qui se voudra un amalgame de blues électro et introduira la guitare à ses sonorités: Personal Jesus deviendra un hymne instantané. La méthode «dépouillée» portera ses fruits sur des pièces telles que World In My Eyes et Policy Of Truth de par leur penchant épuré et aéré, tandis que la superbe Halo nous rappellera Music For The Masses grâce à ses orchestrations nappées de claviers. Martin Gore prêtera sa voix sur les deux titres Sweetest Perfection et Blue Dress, faisant place à sa sensibilité particulière présente sur chaque chanson chantée par ce dernier, et ce, à chaque album.

Pour ma part, les pièces maîtresses de Violator sont sans contredit Waiting For The Night, Clean, et Enjoy The Silence, véritables œuvres transcendantes. La première pour son côté mystérieux et planant, la seconde pour la ressemblance de la ligne de basse avec One Of These Days de Pink Floyd (pour le texte et pour le fait qu’elle faisait partie de ma liste de lecture d’après bal de juin 90). Que dire de la troisième et non la moindre: Enjoy the Silence? Le plus grand succès de DM. Cette pièce qui était à l’origine une ballade fut proposée en version plus rapide par Wilder et Flood en studio. Enjoy The Silence deviendra non seulement une très grande chanson, mais sera aussi un exemple parfait de chanson pop par excellence.

Il faut se rappeler l’époque du vinyle pour adéquatement comprendre l’ordre quasi parfait des chansons du disque: la face A se terminant avec Waiting For The Night et la face B débutant avec Enjoy The Silence et s’achevant avec Clean. Tout simplement génial!

Violator est le seul album de musique électronique grand public qui a su rallier les mélomanes provenant de tous les horizons. Je me rappelle qu’à l’époque des gens écoutant du Metallica, Pink Floyd et même Rush, flanchaient pour Violator. Depuis, nombreux sont les musiciens qui ont voulu dupliquer le son de Depeche Mode. D’ailleurs, en musique électronique, c’est un honneur pour un sitedemo.caucteur de remixer Depeche Mode. Voilà l’impact de ce groupe auprès de leurs pairs. Violator est sans contredit un incontournable dans la discothèque de tout mélomane. Encore aujourd’hui, ça vaudrait un bon 9/10!

*J’aimerais dédier ce texte à mon ami Benoît Mailloux, disparu depuis et qui était le plus grand fanatique de Depeche Mode que j’ai connu. J’ai pu voir Depeche Mode en concert en sa compagnie et partagé de nombreux moments musicaux magiques.

http://www.depechemode.com

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