Critiques

Benjamin Biolay

Vengeance

  • Audiogram
  • 2012
  • 56 minutes
6

On revient de Paris, et là-bas, les critiques sont élogieuses. On parle d’« Une heure d’écoute intense et haletante » (Les Inrocks) et d’« Un disque brulant » (Madame Figaro) quand vient le temps de décrire le nouveau Benjamin Biolay. On ne partage pas cet engouement pour le sixième album de l’enfant chéri de la France.

Certes, ce Vengeance a de grands mérites, de virtuoses et brillantes envolées et ses qualités sont nombreuses; on écoute certaines pièces et on pense à Gainsbourg et Bashung. Malheureusement, la pensée des deux grands ne s’accroche pas à la réalité musicale de Biolay. Le chemin de la chanson française est pourtant là, prêt à être foulé par le Benjamin, mais celui-ci ne l’emprunte que trop rarement sur ce disque.

Il le fait une première fois, et avec une belle réussite, sur Profite, deuxième chanson de ce Vengeance. À Vanessa Paradis, à qui on attribue une passionnante aventure avec Biolay depuis qu’elle a quitté Johnny Depp, il chante, de sa grave et chaude voix, « Oublie-moi avant qu’il ne soit trop tard / ou ne m’oublie pas au fond du verre du fond d’un bar / la vie, merde, est trop courte / mon amour fais-moi la courte », ce à quoi la célèbre chanteuse réplique: « On n’en a plus rien à foutre ». Géniale arrogance qui n’est pas sans rappeler le grand Gainsbourg.

On retient cette même plume audacieuse dans Personne dans mon lit, où accompagné d’une simple guitare, le casanova tente de nous faire croire: « Y a personne dans mon lit / non personne / qui gémit / se blottit / y a personne dans mes nuits / que personne / même un jour ne m’envie ».

Malheureusement, pour les quelques réussites, de fantastiques faux pas (selon nous, évidemment!). Musique sortie d’un dance-club sur Marlène déconne; électro rock des années 1980 sur L’insigne honneur; écho à outrance du mot « amour » sur Ne regrette rien, le tout sous les bruits d’un orage qui approche; mélange de rap et de r’n’b sur Belle époque, accompagné d’un sexy saxophone. Horreur.

Au final, Vengeance est un album inégal. Espérons que Biolay acceptera bientôt de retourner sur le chemin de la typique chanson française. C’est certes moins original, mais c’est tout de même là qu’on l’espère.

Ma note : 6/10

Benjamin Biolay
Vengeance
Audiogram
56 minutes

www.benjaminbiolay.com