Critiques

Ben Chatwin

Heat & Entropy

  • Cooking Vinyl
  • 2016
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Ben Chatwin est un compositeur écossais qui a d’abord publié sa musique à travers son projet électro/post-rock Talvihorros. The Sleeper Awakes (2015), publié sous son propre nom, proposait sensiblement le même relief sonore que ses albums précédents, à la différence que les éléments post-rock étaient pour la plupart remplacés par des éléments acoustiques; guitare, piano et instruments à cordes, dont un dulcimer. Chatwin avait isolé davantage le bruit pour laisser les harmonies participer aux montées épiques. Son nouvel album Heat & Entropy confirme cette évolution esthétique; les mouvements ont gagné en beauté et en liberté, entre autres par la façon d’entrelacer l’acoustique et le synthétique.

Inflexion débute légèrement à la boîte à musique, l’atmosphère dramatique s’installe ensuite pour former un prélude mélancolique. Gravitational Bodies progresse comme une chorégraphie sous-marine qui part du fond pour monter vers le bruit des flots. Standing Waves se déploie en forme de grosse boucle qui s’intensifie à chaque tour; les synthés arpégés et les cordes pincées mènent le thème mélodique, sans le résoudre pour autant.

Phantom Lights est ponctué par une pulsation au synthé, accompagnée par un banjo et un piano, auxquels s’ajoutent le dulcimer et la trame de fond, c’est excellent. Oscillations porte particulièrement bien son nom avec ses sons synthétiques montés en boucle de différentes façons. L’atmosphère de signal radio complète le thème post-apocalyptique. The Kraken débute à partir d’un LFO variant en brillance et en distorsion. Les notes de dulcimer conservent le rythme pendant que les arpèges électros complètent les mouvements mélodiques.

Surface Tension se déplace lentement, comme des grosses notes aux jointures rouillées, et se balance entre les harmonies et les dissonances. Euclidean Plane s’élève vers un sommet mélodique en entrecroisant les guitares acoustiques et électriques, le dulcimer et le piano, et en enveloppant le tout dans un délai féérique. Corpseways respire lourdement à travers les cordes frottées, le piano et les synths; la distorsion déforme la pièce jusqu’à la conclure en bruit étouffé.

Heat & Entropy suggère la rencontre entre l’ordre et le désordre, et le démontre esthétiquement en utilisant davantage les instruments acoustiques. La grâce avec laquelle ceux-ci croisent les sons synthétiques est d’une beauté inhabituelle, et mérite plusieurs écoutes seulement pour la qualité du montage. Au-delà de la forme, les atmosphères ressenties nous font imaginer des lieux et des scènes dignes d’une trame sonore de film fantastique.

MA NOTE: 8/10

Ben Chatwin
Heat & Entropy
Cooking Vinyl Publishing
40 minutes

http://www.ben-chatwin.com