Critiques

Beck

Morning Phase

  • Capitol Records
  • 2014
  • 47 minutes
8
Le meilleur de lca

beck-morning-phase-608x60843 ans, un douzième album studio qui se révèle six ans après le convenable Modern Guilt, Beck Hansen est de retour avec Morning Phase. Tout a été dit et redit au sujet de Beck: petit génie alternant entre des créations folk et des disques de pop iconoclastes agglutinant des sédiments de rock psychédélique, de hip-hop, de country, de blues, de funk, de jazz et de musique latine. Tout a été dit et redit également sur les médias sociaux concernant ce Morning Phase; les mélomanes débattant allègrement de leur appréciation, de leur mécontentement ou encore de leur neutralité par rapport ce disque disponible en écoute libre depuis des siècles… On y ajoute notre grain de sel.

Donc, voilà Beck qui rassemble autour de lui sensiblement le même équipage qui avait chamboulé votre dévoué scribe avec un Sea Change (paru en 2002 déjà) cathartique et complètement émouvant; un album sur lequel Beck expulse, avec une sincérité désarmante, une peine d’amour crève-cœur. Qu’on se le dise, Morning Phase patauge pratiquement dans les mêmes eaux sonores que son adulé frangin. Généralement, ce genre de continuation musicale a le don d’exaspérer votre grincheux préféré.

Et bien cette fois-ci, Beck réussit l’improbable: offrir un complément sonore aussi bouleversant et vibrant (quoique moins mélancolique) à ce monument que représente Sea Change. Opulent, frémissant et prenant, Morning Phase allie les somptueuses orchestrations qui propulsaient les chansons de Sea Change dans une stratosphère émotive inégalée à un folk-country californien qui évoque autant les Byrds que Gram Parsons. Les guitares acoustiques et électriques se côtoient subtilement. S’y ajoutent banjo, mandoline, pedal steel, harmonies célestes; l’ensemble magnifiquement auréolé de ces mêmes luxueux arrangements orchestraux évoqués précédemment et d’un Beck magnifié la plupart du temps par une sublime réverbération.

Là où l’artiste aurait pu simplement offrir un pâle pastiche de son œuvre majeur, l’homme parachute éloquemment, avec une conviction renouvelée, un Morning Phase faisant office de grand cru. À l’avenir, on pourra placer côte à côte Sea Change et Morning Phase et se questionner sur laquelle des deux œuvres on jettera notre dévolu, tant ce sont deux sitedemo.cauctions de haut niveau. Voilà un travail orfévré, aussi lumineux que spleenétique!

Ce disque vous demandera plus d’une écoute afin d’en apprécier toute sa substance, mais votre persistance sera récompensée au centuple. Ce Morning Phase ne comporte aucune faiblesse évidente et renferme son lot de morceaux de luxe: la très Sea Change titrée Cycle, le folk Say Goodbye, la superbe Blue Moon, l’effet «flanger» accentuant le penchant aérien de Unforgiven, la quasi symphonique Wave, la prise de son sans fioriture de la voix de Beck sur Don’t Let It Go, le petit côté soft-rock à la Wilco/The Byrds animant Blackbird Chain ainsi que la monumentale Waking Light; pièce qui conclut avec panache ce majestueux Morning Phase.

Bien que nous ayons douté de la pertinence à emprunter la même direction artistique que celle préconisée sur Sea Change, nous sommes forcés d’admettre que cette gracieuse conception sonore parvient éloquemment à chavirer encore une fois le cœur et l’âme. Un tour de force aussi poignant que radieux de la part d’un artiste en parfait contrôle! Splendide!

Ma note : 8/10

Beck
Morning Phase
Capitol Records
47 minutes

www.beck.com

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