Critiques

Ani Difranco

Allergic To Water

  • Righteous Babe Records
  • 2014
  • 50 minutes
6,5

allergic-to-water-stillAni DiFranco n’a plus besoin de présentation, ni d’épater la galerie. Après dix-sept albums studio, la guitariste émérite, poétesse revendicatrice et compositrice hors pair revient à la charge une nouvelle fois avec Allergic To Water. En 2012, elle avait catapulté un album complètement polarisant politiquement parlant intitulé clairement Which Side Are You On?. Cette fois-ci, DiFranco y va d’une élaboration personnelle/intimiste qui porte sur son mariage de même que sur les hauts et les bas de la vie familiale.

Armé de son légendaire style guitaristique staccato et de son fingerpicking cadencé, Ani DiFranco amène sa musique dans des univers évoquant parfois le blues/jazz de la Nouvelle-Orléans. On assiste à une certaine mutation artistique de la part de cet artiste ayant toujours prôné un total contrôle de son art ainsi qu’une indépendance artistique sans restriction. La dame dirige son propre label (Righteous Babe) depuis ses premiers balbutiements. Sur ce plan, on révère Ani DiFranco!

Ceci dit, ce Allergic To Water est destiné à un public résolument adulte; les atmosphères feutrées et confidentielles prenant le pas sur le penchant revendicatif de DiFranco. La musicienne a mixé l’album chez elle, tard la nuit, en utilisant ses écouteurs comme outil de travail; assez inhabituel comme méthode de travail. Les arrangements sont plus étoffés que la majorité des parutions sitedemo.caiguées par l’artiste. Se côtoient claviers, piano, cordes, rythmes discrets/jazzistiques; l’ensemble exécuté tout en retenue, en lien direct avec le propos de cette création.

Maintenant, il s’agit pour nous de savoir si on adhère ou non à ce dix-huitième opus de DiFranco. Par moments, on est séduit encore une fois par le jeu de guitare référentiel de DiFranco. Le riff principal de la cotonneuse Careless Words est particulièrement éloquent. À d’autres moments, la propension mature/ouatée vient amoindrir l’enthousiasme. On fait à référence au côté soul pépérisant de Woe Be Gone et l’inutile Happy All The Time. En toute honnêteté, c’est un bon disque. Pas mémorable, mais les fans de la dame sauront appréciés.

Parmi les chansons prisées, on a affectionné la chanson-titre, la dépouillée Allergic To Water, la prenante (un peu country-folk) et mettant à l’avant-plan une contrebasse, titrée Harder Than It Needs To Be, la bleusy tribale Genie, la direction un brin psychédélique attribuée à Still My Heart (un violon jouissif en conclusion) et l’utilisation d’un xylophone sur la minimaliste Rainy Parade.

Bien entendu, DiFranco n’a plus rien à prouver… et ça s’entend. Malgré le tournant évoqué auparavant dans le texte, il faut admettre que la prise de risque n’est clairement pas accentuée. Cependant, l’instrumentiste maîtrise l’art chansonnier du bout de ses dix doigts (c’est le cas de le dire!) et présente encore une majorité de ritournelles de qualité. Bien franchement, ça fait le travail!

Ma note: 6,5/10

Ani DiFranco
Allergic Water
Righteous Babe Records
50 minutes

www.righteousbabe.com

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