Critiques

Angry Angles

Angry Angles

  • Goner Records
  • 2016
  • 37 minutes
8
Le meilleur de lca

Angry AnglesSix ans et des poussières, après le décès tragique de Jay Reatard, l’étiquette Goner Records se décide enfin à ressortir la discographie entière d’Angry Angles, le duo que le prolifique musicien formait avec sa blonde de l’époque: Alix Brown. À ce moment-ci de la carrière du sitedemo.caige de Memphis, on est pile-poil à la croisée des chemins. Angry Angles, malgré son nom, est le projet le moins fâché de notre homme à ce jour. Terminé les assauts punk des Reatards et le chaos psychotique des Lost Sounds. C’est avec Alix que Jay découvre qu’il n’y a rien de mal à écrire des hooks qui restent fermement collés entre les deux oreilles. Nous sommes en 2004 et ça durera jusqu’à la fin de 2006.

Sur ces 17 chansons assez courtes pour remplir un seul disque, la chimie entre les deux protagonistes est palpable et la présence de mademoiselle Brown est assez imposante pour que le projet ne soit pas considéré uniquement comme le show de Jay Reatard. Bon, plusieurs chansons des AA sont devenues des classiques de la carrière solo de Jay (Things Are Moving, Blood Visions et Death Is Forming, entre autres), mais on les redécouvre avec la touche un brin baveuse d’Alix Brown. Elle a écrit trois chansons sur l’ensemble et elles ajoutent un certain dynamisme à l’ensemble. On y trouve également des reprises de Devo, Wire, Oblivians et les Urinals. Autrement dit, la genèse de sa carrière solo.

Mais bon, pour peu qu’on se tînt à l’Esco, à la Sala Rossa ou au Sonik il y a 10 ans, il y avait facilement moyen de trouver la majorité de ces chansons sur leurs 45 tours respectifs. La grande nouveauté, c’est le triplé de chansons inédites livré en fin de parcours (You Lied, Can’t Do It Anymore et All The Same). Ce sont les seules chansons jouées en trio avec Ryan Rousseau de Destruction Unit à la batterie. Celles-ci ont été enregistrées à Montréal au déjà mythique Hotel2Tango le 10 et le 11 septembre 2006. C’est Chris Thief et Kevin Komoda qui ont assuré la réalisation de cette session et c’est probablement la raison pour laquelle Jay avait refusé de les sortir.

C’est que, voyez-vous, notre homme était un brin mégalomane et il avait à ce moment-là de plus en plus de difficulté à accepter le fait de ne pas tout faire lui-même sur disque. La carrière des Angry Angles est un moment décisif dans l’histoire de Jay Reatard. Suite à la dissolution professionnelle et amoureuse très acrimonieuse du duo, aucun musicien n’aurait l’occasion de travailler avec Jay Reatard. Il aurait certes un (excellent) groupe pour l’accompagner sur scène, mais il ferait tout de A à Z tout seul en studio.

Jay Reatard était un gars très difficile à vivre et à approcher. Un vrai freak. Un artiste intense comme il ne s’en fait que trop rarement. Ce sera toujours un plaisir de découvrir des nouveaux enregistrements de ses projets moins connus. Il a inspiré des tonnes de musiciens garage modernes, mais contrairement à Ty Segall, tout ce qu’il a enregistré demeure intéressant et rafraîchissant. Ne reste plus qu’à espérer une anthologie de son band Final Solutions. Je termine ce texte en lui dédiant une de ses propres chansons, qui va comme suit:

«There’s not a substitute/There’s not a substitute for you/MISSING YOU!!!»

Ma note: 8/10

Angry Angles
Angry Angles
Goner Records
37 minutes

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